52 essais ont été inscrits lors des huitièmes de finale de la Champions Cup, soit 3,3 essais par équipe et par match. Il s’agit de la deuxième moyenne la plus élevée du tournoi jusqu'à présent. Il y a également eu 19,4 défenseurs battus par équipe et par match, un record cette saison. Que s'est-il passé ce week-end pour provoquer un tel désordre dans les défenses ?

Stormers - Harlequins

Les Stormers ont marqué dès la première minute de jeu contre les Harlequins. L’exemple même d’un rugby offensif. Remarquez comment les Stormers se préparent à agir. Tout part d’un coup de pied croisé de Seabelo Senatla qui renverse la pression. Un coup de pied croisé bien ajusté permet souvent d’impulser le bon tempo. Les joueurs en défense se précipitent pour défendre sur le coup de pied, laissant leurs coéquipiers de l'autre côté du terrain. Si vous arrivez à inverser le jeu rapidement, vous pouvez alors exploiter ces zones de défense.

Lorsque les Stormers réalisent le franchissement qui amène l'essai, ils ont leur centre et leur ailier qui se présentent face à deux piliers des Harlequins. Le coup de pied s'est avéré une arme précieuse en huitièmes de finale, les équipes réalisant en moyenne 26,6 coups de pied par match et portant 113,5 ballons par match, les deux meilleures performances du tournoi. Le temps généralement clément et les surfaces rapides ont permis aux équipes de garder le ballon pendant de longues séquences, un facteur clé expliquant le grand nombre d’essais en huitièmes de finale.

Cell C Sharks - Munster Rugby

Les Cell C Sharks ont marqué trois essais sur des turnovers le week-end dernier. Huit des 52 essais marqués en huitièmes de finale sont nés sur un turnover tandis que 25 découlaient d’une touche, généralement l’origine d’essai la plus courante dans le rugby. L'essai ci-dessous – marqué contre le Munster Munster – suit une configuration similaire à l'essai que nous avons vu avec les Stormers. Les deux actions s'appuient en effet sur un déplacement fluide du ballon sur le terrain. Là encore, on voit l'influence du beau temps et des équipes prêtes à prendre des risques malgré l’enjeu de la compétition. Pourtant, l'envie de pratiquer un rugby ambitieux n'est pas sans conséquence.

En moyenne le week-end dernier, les équipes ont perdu le ballon toutes les 7,6 courses. Des plans de jeu plus ambitieux se sont fait au détriment de la conservation du ballon. Cependant, ces turnovers ont offert des opportunités à l’équipe adverse, avec des contres d’un bout à l’autre du terrain qui est la marque de fabrique de certaines des compétitions de rugby les plus passionnantes. Dans cet exemple, les Cell C Sharks éloignent rapidement la balle du point de turnover. Les entraîneurs parlent souvent de déplacer le ballon au moins avec deux passes après un turnover ; l'idée est de trouver la largeur le plus rapidement possible pour provoquer une faille dans la ligne de défense adverse.

Stade Toulousain - Vodacom Bulls

Toulouse a marqué un essai similaire après un turnover. Encore une fois, les Rouge et Noir déplacent le ballon rapidement - au moins de deux passes - loin de la zone où la défense est la plus resserrée. Lors de la deuxième phase de jeu, les Toulousains lèvent les yeux et voient une faille dans le collectif des Bulls avec un groupe d’avants où les espaces sont plus nombreux. Afin de marquer un maximum d’essais comme nous l’avons vu en huitièmes de finale, les équipes doivent être efficaces.

Cette saison, les équipes ont marqué un essai après une moyenne de 2,72 incursions dans les 22 adverses. Le week-end dernier, ce chiffre était de 2,42, le deuxième taux d'efficacité le plus élevé du tournoi jusqu'à présent. Cette augmentation de 18% de l'efficacité lors d’une offensive dans la zone rouge sera une préoccupation majeure pour les entraîneurs des défenses toujours en course dans le tournoi. Au fur et à mesure que la compétition progresse, il y a deux façons de contrer ce facteur : limiter les incursions dans vos 22 mètres ou être encore plus impitoyable en saisissant toutes vos opportunités. Sur la base des performances des équipes qualifiées le week-end dernier, les fans peuvent être optimistes sur ce dernier point, avec un style plus agressif lors des quarts de finale. En Champions Cup cette saison, celui qui ose, gagne !

Les matchs à élimination directe donnent parfois des rencontres au scénario fermé, avec des équipes prudentes où la pression pèse sur le jeu. Ce ne fut pas le cas le week-end dernier.