Après trois journées disputées en Champions Cup, les Vodacom Bulls ont battu Lyon et les Exeter Chiefs, mais se sont également inclinés lors de la Journée 2 contre les Exeter Chiefs. Si les joueurs basés à Pretoria n’ont pas encore assuré leur qualification pour les huitièmes de finale, ils semblent toutefois en bonne position pour le faire.

La clé de leur campagne a été la qualité de leur activité dans les rucks. Les Bulls n’ont en effet perdu que six de leurs 186 rucks, soit un pourcentage de réussite de 97%, le meilleur de la compétition. Mais comment la franchise sud-africaine y parvient-elle ?

Il y a trois facteurs qui permettent de gagner un ruck :

  • Les actions du porteur du ballon.
  • La vitesse et la précision des joueurs de soutien.
  • Ce que font les défenseurs.

Regardons la vidéo ci-dessus. Tout d’abord, Jacques Van Rooyen porte le ballon. Que se passe-t-il ? Il remporte la collision avant de passer par le sol. Comme il a franchi la ligne d’avantage, Van Rooyen n’a pas besoin de se battre pour placer le ballon au sol. Cela facilite la tâche des trois joueurs de soutien.

Remarquez comment ils y arrivent rapidement pour sécuriser le ballon avant que les défenseurs lyonnais ne puissent tenter de le reprendre. Van Rooyen s’appuie sur son physique pour gagner son duel, mais l’agilité peut être une arme tout aussi utile que la puissance pour prendre l’avantage sur un plaqueur. Lorsque vous regardez la Champions Cup, attardez-vous sur ces courses déterminantes. Vous verrez que les rucks sont gagnés – et la balle rapidement sécurisée – lorsque la course initiale du porteur du ballon est réussie.

Etant donné le travail exceptionnel du porteur de ballon comme des soutiens, il n’y a plus rien à faire pour les défenseurs lyonnais. Essayer de contester ce ruck serait un gaspillage d’énergie en raison de la vitesse et des positions des soutiens des Bulls.

Que pensez-vous de cet exemple ? Lizo Gqoboka reste sur ses appuis avant de passer au sol. En prolongeant le contact avec son adversaire, Gqoboka est en mesure de gagner du temps et d’aider ses joueurs de soutien. Remarquez cependant comment Loann Goujon (numéro 20 de Lyon) est capable de rester dans la zone de plaquage et de garder les mains sur le ballon. Cela oblige les Bulls à engager des hommes dans le ruck et cela ralentit une munition offensive.

Avec un ballon lent, la défense a le temps de s’organiser et de minimiser les espaces sur le premier rideau. Les ballons lents sont cependant inhabituels chez les Bulls. Lors des trois premières journées, 60,6% des rucks des Bulls ont en effet duré moins de trois secondes. Seules six équipes ont atteint 60% ou plus jusqu’à présent en Champions Cup.

Si vous pouvez gagner vos rucks, ce n’est pas seulement votre attaque qui en bénéficiera. Plus vous avez de contrôle sur le ruck, moins vous donnez d’opportunités à l’adversaire. Les ballons de turnovers sont une rampe de lacement fantastique pour l’attaque. Si vous ne concédez pas de turnovers dans les rucks, ou si vous en concédez très peu, vous pouvez priver votre adversaire de ces occasions.

Les Bulls n’ont concédé que deux turnovers et trois pénalités dans les rucks, limitant les opportunités de leurs adversaires. En comparaison, les Exeter Chiefs, qui ont perdu sept rucks lors de la Journée 3, ont concédé deux essais aux Bulls initiés sur des turnovers. L’attaque des Bulls met en lumière leur performance dans les rucks, ayant marqué jusqu’à présent quatre essais en Champions Cup à partir de ce secteur de jeu, soit le total le plus élevé de la compétition.

L’avantage de conserver la possession n’est pas seulement d’empêcher l’adversaire d’avoir des opportunités en attaque, cela vous permet également d’être patient en attaque. Les Bulls ont pu le faire contre Exeter. Ils n’avaient que 49 rucks contre les Chiefs, limitant ainsi le risque de concéder un turnover et donc une occasion offensive à leurs adversaires. Ne jouant que dans les bonnes zones du terrain, 49% des rucks des Bulls se sont déroulés dans les 22 mètres d’Exeter ; ils n’ont pas perdu un seul de leurs rucks dans cette zone de jeu.

Lorsqu’ils ont pu obtenir des ballons de turnover, les Bulls ont été pragmatiques en attaque en récoltant des points. Cela souligne un fait crucial dans le rugby : l’efficacité ! Exeter a eu 105 rucks, pour 28 points inscrits, tandis que les Bulls ont eu 51 rucks et ont marqué 39 points. Les Bulls fut l’équipe la plus efficace. La clé de leur succès a été de tirer le meilleur parti de leurs rares occasions, ce qui est essentiel face à une équipe comme Exeter qui aime posséder le ballon. Contre les Chiefs, vous enchaînez souvent les phases de jeu en défendant face à de solides courses.

Les Bulls ont résisté à cette pression et lorsqu’ils ont récupéré le ballon, ils se sont assurés de dominer le jeu au sol et d’exploiter les opportunités qui leur étaient offertes. Ce plan de match repose sur la capacité à conserver le ballon lors des rucks.