La victoire des Ospreys sur Montpellier Hérault Rugby, au GGL Stadium (10-21), est la plus grosse surprise enregistré cette saison en Champions Cup.

Malgré l’avantage des Gallois de jouer devant leur public, l’EPCR Win Predictor a estimé que Montpellier avait 81% de chances de victoire en fonction de ses performances individuelles. Cependant, la puissance physique du pack des Ospreys pourrait leur offrir une victoire décisive.

Le tournant du match en faveur des Ospreys s’est opéré vers la 60ème minute de jeu, avec un élan décisif pour l’équipe visiteuse qui a peu à peu pris l’ascendant, avant de consolider sa domination avec son troisième essai.

Cet essai commence par un plaquage de Jac Morgan, à la 59ème minute, provoquant une situation de turnover. Cette action à elle seule – en raison de sa position sur le terrain et du moment du jeu – fait passer les Ospreys d’une probabilité de gagner de 45% à 50%. Après quelques phases de jeu des Ospreys, le numéro 8 de Montpellier Hérault Rugby Zach Mercer se met à la faute et concède une pénalité. A ce moment précis, les Ospreys avaient une probabilité de victoire de 57 %. A la suite d’un maul parfaitement constitué derrière une touche, et quelques courses tranchantes, Morgan Morris a inscrit en coin un essai permettant à son équipe de voir ses chances de gagner passer à 82%.

Ce revirement de scénario s’est construit sur deux éléments importants : la capacité des Ospreys à dominer les phases de plaquages et les mauls. Jusqu’à présent, les vainqueurs de l’URC Welsh Shield la saison dernière, ont réussi plus de plaquages où le ballon est alors « coffré » que toute autre équipe en Champions Cup (20), Justin Tipuric en réalisant à lui seul cinq dans le tournoi. Contre Montpellier en particulier, les Ospreys ont réalisé dix plaquages dits « coffrés », chacun d’entre eux ralentissant la vitesse de sortie du ballon et accouchant sur deux turnovers. Ce qui est particulièrement impressionnant, c’est que tous les joueurs, quelle que soit leur position sur le terrain, ont adhéré à cette stratégie défensive. Lors des deux premières journées, Alex Cuthbert et Owen Williams ont ainsi respectivement réalisé trois et deux plaquages dits « coffrés ».

Défiant dans cet exemple courageusement la charge du pilier du MHR Henry Thomas, Owen Williams et Ethan Roots réalisent un plaquage décisif permettant un turnover alors que les Montpelliérains sont souvent dangereux, avec un essai ou une pénalité récoltée cette saison en TOP 14 dans 57,4% de leurs incursions dans les 22 mètres adverses. La vitesse des avants des Ospreys pour soutenir Williams est essentielle au succès de ce plaquage. Si Thomas reste sur ses appuis pour gagner la collision, Williams concède quelques mètres pour permettre à ses avants de venir en soutien. Ce turnover a conclu la première période et a permis aux Ospreys de conserver leur élan et une avance de 11 points en deuxième période.

En ce qui concerne les mauls, le succès de l’équipe basée à Swansea était fondé sur leur stratégie « 6 + 1 » en touche, à savoir six joueurs dans l’alignement, et un avant proche du demi de mêlée. Cette configuration permet au ballon d’être rapidement transféré lors de la transition entre la touche et le maul. Les Ospreys ont utilisé cette configuration 12 fois en Champions Cup jusqu’à présent – le troisième total le plus élevé de la compétition – qui représente 40% de leurs touches. Quatre de leurs cinq essais inscrits juqu’à présent dans la compétition ont également commencé par des touches, y compris leurs trois essais contre Montpellier.

Pour leur premier essai, les Ospreys se sont positionnés avec quatre sauteurs au milieu de l’alignement : Justin Tipuric, Rhys Davies, Adam Beard et Ethan Roots. Ces quatre joueurs ont remporté 59,8% des touches de leur équipe, créant un véritable casse-tête défensif pour un pack montpelliérain essayant d’identifier la cible visée au lancer. L’équipe du MHR opte pour un système défensif à deux blocs, avec un bloc de sauteurs à l’avant et à l’arrière de l’alignement. Cette stratégie est efficace pour bloquer les zones mais fragilise dans le même temps leur défense. Voyant la position des joueurs montpelliérains, Adam Beard saute devant le bloc arrière de Montpellier, éliminant ainsi toute opposition. La vitesse de transition des Ospreys dans le maul surprend les Héraultais qui sont alors battus.

La qualité de la configuration du maul des Ospreys est essentielle. Roots et Davies propulsent Beard dans les airs, Roots se mettant même sur la pointe des pieds pour donner à son coéquipier un avantage dans les airs. Les deux lifteurs profitent de l’avantage de Beard dans les airs pour se placer entre les défenseurs montpelliérains et le sauteur, assurant ainsi une transition rapide au sol. Alors que le maul s’organise, Roots prend le dessus sur quatre joueurs de Montpellier pour permettre aux Ospreys de franchir la ligne d’en-but. Les mauls sont une séquence fréquente dans le jeu moderne, mais les détails, les subterfuges et les qualités nécessaires pour obtenir un maul performant sont souvent sous-estimés.

Combiné à la bravoure et au travail d’équipe dans le secteur des plaquages, les mauls des Ospreys furent la clé leur permettant de dominer le pack de Montpellier, la base fondatrice de leurs trois essais. Devant le public de Swansea, la province galloise pourra-t-elle défendre son avantage lors du match retour disputé ce week-end ?